Après plusieurs années d'attente nous avons pu enfin poser les mains sur Company of Heroes 3. L'attente valait t-elle le coup ? C'est ce que nous allons voir.
Après un excellent Company of Heroes 2 en 2013 qui plongeait au cœur des horreurs du Front de l'Est pendant la Seconde Guerre Mondiale, le studio Relic Entertainment est de retour pour un troisième épisode. Celui-ci est particulièrement attendu au tournant par la communauté car malgré l'âge avancé du deuxième épisode (10 ans) celui-ci est encore très joué, faute de mieux en terme de candidats dans le domaine. Dans ce contexte, a t-on enfin le droit à un digne successeur ?
Changement de contexte
Tout d'abord Relic Entertainment a voulu changer radicalement de contexte en évitant la redite. Ne comptez donc pas sur Company of Heroes 3 pour vous renvoyer sur le Front Ouest ou Est puisque cette fois le titre de stratégie nous fait revivre les terribles combats de la Campagne d'Afrique et de la Campagne d'Italie. La Guerre du Désert sera vécue du coté allemand, sous la houlette du Generalfeldmarschall Erwin Rommel, tandis que la libération de l'Italie se fera du coté américain et britannique où des hommes comme Eisenhower ou Montgomery ont pu se bâtir une solide réputation. Deux fronts que l'on a peu l'habitude de voir dans le jeu vidéo sur la Seconde Guerre Mondiale, premier bon point. Ceci permet de proposer 4 factions distinctes jouables, à savoir la Wehrmacht et la Deutsches Afrikakorps pour l'Axe et les forces américaines et britanniques pour les Alliés.
Un solo qui manque de dynamisme
Le jeu se découpe en deux parties distinctes : le solo et le multijoueur. Nous allons d'abord nous attarder sur cette première partie puisqu'elle permet d'introduire un tout nouveau mode de jeu : la campagne au tour par tour. Les habitués de la saga Total War retrouveront leurs marques facilement, pour les autres, sachez qu'il s'agit d'une campagne narrative au tour par tour avec deux phases. L'une sur la carte de campagne (en l'occurrence l'Italie) dans laquelle on doit gérer le ravitaillement, les mouvements des armées et les prises de décisions, et l'autre en batailles en temps réel, soit l'intérêt principal de Company of Heroes depuis ses débuts. Si cette campagne est une riche idée et qu'elle permet de délaisser un peu la tactique pour se tourner vers de la grande stratégie, elle souffre d'un cruel manque de dynamisme. De la Sicile à Rome, vous vous frayerez un chemin vers le nord. Problème : vous ne rencontrerez quasiment aucune résistance. À partir de là, on ne comprend pas bien l'intérêt de tout le travail réalisé sur la carte de campagne puisqu'il s'agit globalement de faire avancer nos pions d'une ville à une autre et de passer en combat en temps réel pour enfin trouver un peu de défi. Aucune agression de la part des forces allemandes, et l'on rentre dans l'Italie comme dans du beure et cela indépendamment du niveau de difficulté. Bien loin de la triste réalité historique.
C'est bien dommage car ce mode bouillonne de bonnes idées. Il est par exemple possible de capturer un aérodrome à partir duquel vous pouvez commencer à envoyer des avions de reconnaissance pour supprimer le brouillard de guerre, ou envoyer des bombardiers pour affaiblir les cibles au sol. Dans le même ordre idée, la capture de ports augmente votre plafond de ravitaillement et vous donne plus de navires qui peuvent frapper des cibles ennemies depuis la mer. À cela s'ajoute un système de loyauté puisque 3 personnages vont vous demander de réaliser des actions et libre à vous de prioritiser pour obtenir les faveurs de l'un ou l'autre. On retrouve le Général Buckham pour les forces américaines, le général Norton pour les forces britanniques et Valenti pour la résistance italienne. Hélas les bonus que l'on récupère sont assez superflus puisque la difficulté est inexistante.
L'opération, l'autre gros morceau du solo
Au-delà de la campagne on retrouve aussi le mode Opération qui permet de jouer du coté de l'Axe et plus précisément la Deutsches Afrikakorps. Il s'agit du mode solo traditionnel de la saga à savoir une série linéaire de huit missions qui vous voit prendre le commandement de la DAK et des troupes de Rommel. On notera la décision politique assez étrange de nous faire jouer l'Axe tout en nous montrant la perspective des Juifs berbères des zones occupées, comme pour se dédouaner de nous faire jouer les méchants. Alors que des jeux comme Men of War arrivent très bien à faire la part des choses sans avoir besoin de se justifier. Le choix de Company of Heroes 3 est louable mais très maladroit dans sa forme. C'est dommage. Ca n'en reste pas moins une succession de batailles épiques, assez grisantes. Les cartes nord-africaines proposent également un grand changement de rythme par rapport à leurs homologues italiennes avec des zones plus ouvertes et donc une utilisation plus massive des chars. Cela correspond parfaitement à la réalité du conflit alors que l'Italie est connue pour ses meurtrières batailles d'infanterie.
Dans le manque de prise de risque, on notera aussi des forces allemandes qui parlent anglais avec un accent allemand. Ridicule, quand on sait que même Call of Duty, le jeu arcade par excellence, nous permet de voir des allemands qui parlent... allemand ? Un gros point en moins pour l'immersion, un élément qui fut d'ailleurs d'ores et déjà pointé du doigt par une large partie de la communauté pendant les phases de bêta.
Un mode multijoueur qui rattrape tout ?
Finalement les modes multijoueur et escarmouches en coopération contre l'IA rattrapent les faiblesses du solo puisque c'est le suc de la saga. La partie en ligne se contente de ce que COH sait faire de mieux : de la bataille en temps réel. Le mode principal étant la capture de points dont le principe est enfantin, c'est pour ça qu'il fonctionne si bien. Sur la carte vous trouvez des points à capturer qui vous rapportent 3 ressources : des munitions, du carburant et des points de victoire. Les deux premières permettent de construire des unités, de l'infanterie pour l'une et du véhicule pour l'autre. Et la troisième est celle qui vous fait monter votre score de victoire. L'objectif étant évidemment de capturer le plus de points possibles sur la carte pour remporter la victoire.
C'est là que les choses sérieuses commencent, avec une alternance entre phases de défense via la construction de fortifications (sacs de sable, barbelés, mines, bunker, fortins, etc.) et phases offensives via de larges mouvements de troupe, allant de l'infanterie légère au char lourd en passant par un feu de barrage d'artillerie. Il faut bien admettre que c'est grisant et qu'ici le défi est constant, même contre l'IA qui se montre particulièrement coriace. D'autant qu'au fur et à mesure, la carte porte les stigmates des combats. La jolie ville italienne de Sicile se transforme rapidement en amas de ruines dans lequel les fusillades ne cessent presque jamais. Et quand c'est l'accalmie au niveau du feu, les chenilles des véhicules blindés viennent rompre le silence. Ca crie, ça hurle, les hommes prennent feu par la folie des lances-flammes, les grenades explosent et les obus démembrent les corps. C'est gore, c'est sale, c'est hélas la triste réalité de la guerre.
En demi teinte coté technique
Le jeu est loin d'être une claque graphique et on notera par exemple un cruel manque de définition dans les textures. La résolution 4K donne l'impression d'avoir un jeu en Full HD et on est bien loin du rendu que l'on peut espérer dans ce type de résolution. Quelque chose ne va pas à ce niveau et on espère que ça sera vite résolu. Pour autant le jeu via ses différents niveaux de zoom et sa direction artistique de qualité permet d'ajouter une belle immersion, très vite on oublie que nous n'avons pas en face des yeux un foudre de guerre. Il faut dire que le coté très plaisant de la tactique et de la stratégie en temps réel vient remplir notre cœur de joie.
On assiste à pas mal de nouveautés avec un système de couverture plus complexe et plus profond pour notre infanterie et la possibilité de faire du véritable combat urbain avec de la prise maison par maison. C'est d'autant plus jouissif que le décor est entièrement destructible et qu'on ne se lasse jamais de détruire petit à petit ce qui nous entoure. En définitive, le combat en temps réel est plus jouissif que jamais et seule une amélioration graphique pourrait rendre le tout encore meilleur.